Le Mur de l'Atlantique

Crisbecq face à Utah Beach

C'est la dernière des casemates de la batterie de Crisbecq qui est encore visitable de l'intérieur en 2023.

 

Sur les 4 bunkers aux murs et toits impressionnants de 3,50 mètres d'épaisseur dont la construction était prévue à Saint-Marcouf par les allemands, seuls 2 étaient achevés la veille du Débarquement.

 

Après les combats et les destructions opérées sur ce site du Mur de l'Atlantique, la Grande Casemate de Crisbecq est aujourd'hui la dernière existante dans un état relativement proche de ce qu'elle était lors de sa construction en 1944, et surtout c'est la seule dans laquelle il est possible de circuler et de visualiser ce qui fut le plus gros type de bunker abritant un canon d'artillerie du Mur de l'Atlantique entre Le Havre et Cherbourg.

 

La même casemate il y a 77 ans

 

Elle est reconnaissable grâce aux détails de son camouflage incrusté dans le béton

Vue de l'intérieur

 

Ces photos ont été prises peu de temps avant le débarquement.

 

Les traces laissées par les bombardements sur le terrain et les blockhaus de la batterie  laissent supposer que ces photos datent de mai 1944


 

LE MUR DE L'ATLANTIQUE FACE AU FUTUR SECTEUR DE UTAH BEACH

 

Fin 1942 c'était  le point faible de toute la baie de Seine.

 

 - Presque pas de fortification en bord de mer. Les plages étaient vides sur des kilomètres. Même à la veille du débarquement les points fortifiés édifiés en 1943 étaient encore espacés de 1 kilomètre les uns des autres.

 

 - Des batteries côtières "périmées". Le peu de canons présents pour contrer un débarquement étaient disparates, datant pour l'essentiel de la guerre 14/18 et souvent de petits calibres ; totalement dépassés face au matériel américain.

 

 - Des troupes de second rang avec beaucoup de soldats volontaires des pays de l'Est, des pays associés aux allemands tels les bataillons de volontaires Georgiens et des Ukrainiens dont la motivation était souvent inexistante.

 

 

 

LA TRANSFORMATION DES BATTERIES DE CRISBECQ 

 

Réalisée à partir de 1942 la batterie "Marcouf" était équipée à l'origine de 6 vieux canons français de 155 mm placés directement dans des encuvements à ciel ouvert, d'une portée limitée à environ 15 km.

 

Il était devenu évident aux yeux de l'occupant que ces canons ainsi que ceux de l'ensemble des "batteries légères" (classification de la kriegsmarine pour les canons d'un calibre inférieur à 200 mm) situées dans ce secteur (comme Azeville et Quineville) étaient totalement dépassés face aux matériels des alliés et ne pourraient plus faire face à un débarquement (exemple avec Azeville et ses vieux canons de 105 mm datant de 1913 !!! )

 

 

FIN 1943 : LE CHOIX DE SAINT MARCOUF

 

Faute de matériels neufs suffisant en sortie d'usine, seules 4 nouvelles batteries furent attribuées à la marine allemande afin de fortifier le Mur de l'Atlantique pour l'année 1944. Deux batteries de 210 mm et deux de 150 mm

 

Pour ne pas faire de "jaloux", l'OKW réparti ces 4 batteries entre la 7ème armée et la 15ème armée

 

Ce choix "malheureux" au plan stratégique n'avait qu'un but, ménager les susceptibilités mais en fait la 15ème armée (en charge de la défense du Pas de Calais) était déjà suffisamment équipée et n'en avait pas un réel besoin à la différence de la Normandie dont le peu de fortifications existantes étaient dotées de matériels datant de la guerre 14/18 pour la majorité

 

En application de la Directive 51 le maréchal Rommel fût chargé d'une mission d'inspection du Mur de l'Atlantique en novembre 1943 et n'arriva en Normandie que pour suivre la bonne exécution des travaux de construction de ces nouvelles batteries conformément aux décisions déjà prises, sans pouvoir modifier ce choix qu'il n'approuvait pas. Ce n'est que le 15 décembre qu'il sera nommé en charge de son organisation. Il visitera le chantier de Crisbecq le 30 janvier 1944

 

La 7ème armée avait décidé que la nouvelle batterie de 210 mm serait implantée à Saint Marcouf et que celle de 150 mm serait positionnée à Longues sur Mer

 

Le choix de Saint Marcouf pour y implanter une "batterie lourde" équipée de 4 canons modernes de 210 mm avec une portée de plus de 30 km permettait de protéger tout le secteur de baie de seine situé entre Saint Vaast la Hougue et La Pointe du hoc

 

Suite à cette décision les vieux canons français de 155mm installés depuis 1942 furent enlevés de la position de Crisbecq, et la Wehrmacht céda ainsi sa place à la Kriegsmarine

 

 


 

Dès janvier 1944 la batterie est placée sous le commandement de la Kriegsmarine

 

Forte d'une garnison de 300 marins et 100 grenadiers en protection supplémentaire, Saint-Marcouf devient alors le point fort du Mur de l'Atlantique face aux plages du Débarquement

 

Photo de Walter Ohmsen en charge de la batterie

 

Janvier à Mars 1944 : LA CONSTRUCTION DE LA CASEMATE

 

Un chantier titanesque pour réaliser en un temps record cet impressionnant bunker aux dimensions hors du commun sur le Mur de l'Atlantique face aux plages du Débarquement

 

Ce modèle de la catégorie H 683 avait été conçu tout spécialement pour les canons SKODA de 21cm de type K 39/41

 

Plus de 150 travailleurs prisonniers de guerre (des Russes plus la majorité) pour exécuter à la main (en moins de 3 mois de travaux) un ouvrage qui a nécessité plus de 2.000 m3 de béton et 120 tonnes d'acier, soit un poids total dépassant les 4.920 tonnes

 

Pour apprécier ces dimensions :

> En 2021 afin d'acheminer par la route les matériaux nécessaires à la construction de ce blockhaus il faudrait un organiser convoi de 110 camions de 45 Tonnes. En respectant la distance de sécurité de 50 mètres entre chaque camion, le convoi ferait 6,6 km de long !!!

> En 1944 le sable était transporté par des tombereaux tirés par un cheval...

 

Il s'agit du plus grand modèle de blockhaus ici construit pour protéger un canon des bombardements aériens

 

Par comparaison, avec leurs murs de 2 mètres d'épaisseur, les casemates de la batterie de Longues sur Mer n'ont nécessité "que" 745 m3 de béton et 45 tonnes d'acier pour un poids total de 1.800 tonnes

 


Armement de la Grande Casemate : Canon moderne de 21cm - "modèle 39/41", fabriqué en 1944 par les usines SKODA

 

> Poids du canon : 39,8 tonnes

> Longueur : 9,53 mètres

> Portée maximale : 33 km

 

 

 

Dernier obus de 210mm SKODA visible actuellement en Normandie

 

L'un de ces "DUDS" , un perforant,  était resté abandonné sur le site de Crisbecq depuis les combats de 1944

 

Son poids : 135 kg

 

Celui-ci est actuellement visible au Musée associatif du Poste de Commandement de la batterie de Crisbecq.

 


 

Fin des travaux en mars 44

 

Achevée en mars 1944, la grande casemate prendra le numéro "1" sur les 4 dont la construction était prévue.

 

Elle sera la première opérationnelle et tirera son premier obus le 19 avril 1944.

Inspection du haut commandement aux batteries de Crisbecq

 

1 maréchal et 2 amiraux présents à Crisbecq

 

Le 10 mai 1944 l'amiral Hennecke (au centre) en charge de la défense du secteur côtier de Cherbourg a accueilli le maréchal Rommel (à sa gauche) à Saint Marcouf, accompagné de l'amiral F. Ruge, lors d'une tournée d'inspection des travaux de construction des 4 casemates destinées à la protection de ces nouveaux canons de 210 mm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En bas sur les photos (de gauche à droite) : Rommel, Ruge, Hennecke ainsi que W. Ohmsen

 

La réalité de Crisbecq...

 

Si les photos de propagande montrent des ouvrages impressionnants, la réalité était toute autre

 

Tout autours des deux casemates quelques rares blockhaus pour la troupe (6 tout au plus....) et 2 soutes. Le reste : de vulgaires tranchées non protégées


 

L'ATTENTE DU DEBARQUEMENT

 

A partir d'avril 1944 la batterie de Crisbecq fut l'objet de nombreux bombardements

 

Le chantier fut bombardé toutes les semaines ce qui mis définitivement fin aux travaux de construction des casemates numéro 3 et 4 . A peine les réparations faites qu'un nouveau bombardement arrivait et détruisait tout.

 

La veille du débarquement, seules deux des quatre casemates avaient été édifiées.

 

Un troisième canon de 210mm était pourtant arrivé à Crisbecq et restait caché en attente de son bunker. Sans protection il fût cependant opérationnel lors des combats du 6.6.44.

 

Avec ses 3 canons de 210 mm, 6 tubes de 75 mm Flak, 4 tubes de 20 mm Flak, et les 400 hommes en poste, la batterie Marcouf fut la plus importante position du Mur de l'atlantique à faire face aux alliés au matin du 6 juin 1944

  

Grenadiers en charge de la protection de la batterie, dans l'attente du Débarquement

 

Aux 300 marins de la batterie Marcouf, l'état major allemand ajouta une force de protection de 100 grenadiers du 919ème régiment d'infanterie (6ème compagnie du lieutenant Geissler)

Seul 1 homme sur 4 survivra aux combats du Débarquement (307 soldats sur 400 seront tués)


 

 

LES COMBATS

 

Dans la soirée du 5 juin la batterie Marcouf a subi un raid aérien regroupant 101 bombardiers américains qui ont largué 600 tonnes de bombes.

 

La plus part des bombes larguées pesaient 1 tonne !  laissant tout autours des blockhaus des cratères de cinq mètres de profondeur sur une quinzaine de mètres de large

 

Elle a été attaquée par les parachutistes américains de la 101ème Airborne (zone de saut du 502 PIR) le 6 juin dès 1 heure du matin

 

Après avoir visualisé l'arrivée des navires alliés vers 5h20 l'oberleutnant Ohmsen a donné l'alerte en téléphonant à la forteresse de Cherbourg grâce à la ligne sécurisée qui n'avait pas été coupée par les bombardements.

 

Les débarquements ayants débuté sur Utah Beach et Omaha Beah, c'est le poste de Commandement de la batterie Marcouf qui a été le premier à voir, puis à annoncer officiellement à l'état major allemand l'arrivée de la flotte alliée au matin du 6 juin.

 

Cette histoire a été relatée après la guerre par le capitaine Ohmsen dans le livre "Zie Kommen ! " ("Ils arrivent ! " - publié en 1961). Elle a inspiré l'une des célèbres scènes du film "Le jour le plus long". La visite actuelle du poste de commandement permet de revivre cette scène du 6 juin 1944.

 

Peu de temps après cette alerte c'est la batterie de Longues sur Mer qui ouvrira le feu la première, à 5h35 du matin, suivi de très peu par celle de La Pernelle.

 

Si Crisbecq a été la troisième des positions du Mur de l'Atlantique à tirer sur la flotte alliée dès 6h05 du matin le 6.6.44, à peine 3 heures plus tard ses canons étaient déjà endommagés et réduits au silence par les tirs des cuirassiers Américains auxquels elle ne pouvait opposer qu'une faible résistance.

 

En effet dans un rapport de 1 contre 4, avec ses 3 canons de 210 mm la Batterie Marcouf a du faire face à plusieurs cuirassiers alignant un total de 12 canons de plus de 350mm !

 

- le Nevada = 10 canons de 356 mm + 12 de 127 mm

- l'Erebus = 2 canons de 381 mm

 

Malgré ses canons modernes de 210 mm la batterie Marcouf n'a eu aucun succès réel contre la flotte alliée à Utah Beach, démontrant ainsi la totale inefficacité du Mur de l'Atlantique face au débarquement

 

(Le débarquement sur Utah Beach fut une totale réussite, avec des pertes très limitées à la différence des autres plages )

 

 

Le cuirassé Nevada en route pour la Normandie

Tir simultané des canons de 356 mm du cuirassé Nevada

 

 

Les obus expédiés pesaient entre 900 kg et 1 tonne suivant le modèle, avec une porté pouvant aller jusqu'à 34 km.

En accompagnement du cuirassé Névada face à Crisbecq, le HMS Erébus , équipé également de deux canons de 381 mm.

 

Chaque canon pèse à lui seul 100 tonnes et envoie des obus de 875 kg !



 

Tir de la casemate

 

Photo de navires alliés en arrière des Iles Saint Marcouf

 

Cette photo prise par les allemands montre l'explosion d'un obus de 210 mm tiré par le canon de la casemate à proximité des bateaux américains

 

Destroyer US Corry

 

Pris sous les salves des 210 mm Skoda à l'aube du 6 juin 1944, le destroyer US Corry sera le seul navire qui aurait été coulé par une batterie allemande du mur de l'atlantique durant les combats du Débarquement

 

S'il a été pris pour cible par les canons allemands il semble en fait que son naufrage soit du à une mine. Les versions divergent sur ce sujet

 

 

Tir au but de la casemate

 

Naufrage du USS Corry à l'aube du 6 juin 1944

 


"Des travaux titanesques pour seulement 3 heures de combats"

 

Le 6.6.44 au matin la grande casemate recevra un obus du Névada qui explosera devant son embrasure dès 8 heures. Les éclats de l'obus détruiront le canon.

 

Quant à la casemate N°2, elle sera définitivement détruite dès 9 heures du matin. Un obus de 380 mm du Névada explosera à l'intérieur du bunker, tuant l'ensemble des artilleurs allemands et endommageant le canon de 210mm.

 

Seul le 3ème canon de la batterie situé à l'air libre, caché en arrière du poste de commandement, poursuivra les combats pour quelques heures avant d'être endommagé.

 

Les allemands ont passé le reste de la journée du 6 juin à réparer ce dernier canon pour espérer de le remettre en service. Pour cela ils ont utilisé des pièces récupérés sur les deux autres canons qui étaient difficilement réparables.

 

Celui-ci ne put tirer à nouveau que le 7 juin au matin, et ce juste pour quelques heures avant d'être à nouveau endommagé.

 

Neutralisée une seconde fois par les cuirassés Américains la  batterie Marcouf ne tira plus aucun coup de canon de la journée.

 

Après une ultime tentative de réparation il tira à nouveau ses derniers obus le 8 juin au matin sur la plage de Utah Beach.

 

Neutralisée définitivement par les cuirassés Américains la  batterie a du se contenter ensuite de combats défensifs terrestres limités au secteur de Saint Marcouf pour bloquer l'avance des alliés vers Cherbourg

 

C'est dans cette configuration que la batterie de Crisbecq (avec l'appui d'Azeville du 7 au 9 juin) révéla son efficacité, bloquant ainsi les américains pendant 6 jours dans leur marche vers Cherbourg, entre le 7 et le 12 juin

 

Ce n'est que dans la nuit du 11 au 12 juin que les derniers occupants de la batterie ont abandonné celle-ci faute de munitions et de combattants, en réussissant à échapper à l'encerclement

 

Les combats contre le 22nd Infantry Régiment de la 4th Infantry Division ont duré plus de 6 jours

 


Conclusion sur le Mur de l'Atlantique en Normandie

 

Si la batterie de Crisbecq fût la plus active face débarquement allié son efficacité fût dérisoire au regard du béton et de l'acier investi, ainsi que du temps passé à sa construction.

 

Ce fût encore pire pour les autres batteries du mur de l'atlantique face au débarquement, équipées pour la totalité (sauf Crisbecq et Longues) de matériels datant de la guerre 14/18, et pour moitié de canons d'un calibre limité à 100 ou 105 mm.

 

Les alliés connaissaient parfaitement toutes leurs positions exactes et avaient mis en face de chacune les moyens nécessaires à leur destruction rapide, avec un total de 7 cuirassiers, 2 monitors, 23 croiseurs et 105 destroyers.

 

Longues sur Mer tira de façon limitée durant la seule journée du 6 juin, sans toucher de navire.

 

La Pointe du Hoc avec ses canons en attente dans les champs ne tira aucun obus, les allemands étant trop occupés à faire face à l'assaut des Rangers.

 

Certaines batteries furent tout simplement neutralisées par les bombardements aériens : totalement ravagées au premier bombardement Grandcamp Maisy La Perruque et La Pernelle I ne purent tirer un seul coup de canon. Ces derniers se trouvant les roues en l'air, dans leurs encuvements à ciel ouvert, avant même l'arrivée des premières barges alliées.

 

Il semble que ce fût aussi le cas de la batterie de Vers sur Mer ,en cours de construction.

 

D'autres comme Maisy étaient équipées de canons périmés datant de la guerre 14. Bien incapable de couler des navires, cette petite batterie était tout juste utile à tirer sur de l'infanterie. Elle fût rapidement neutralisée dès l'aube du 6 juin par le tir du destroyer Shubrick et ne joua aucun rôle défensif à l'arrivée des troupes débarquées (le site fût occupé par les américains après seulement 2 heures de combats).  

 

Celle de Crépon (avec ses vieux canons de 100 mm datant également de 1914) ne tira pas un seul obus. Ses servants furent sonnés par le bombardement aérien et sa garnison préféra rester en retrait des combats et attendre avec pour seul objectif de se rendre dès l'arrivé des premiers soldats anglais sans faire usage de ses armes.

 

D'autres comme Le Mont Canisy, Houlgate et La Pernelle II (trop éloignées et en limites de portée des plages) réussirent à gêner les alliés en tirant de façon sporadiques.

 

La batterie de Merville eut aussi ce rôle après avoir été réinvestie par les allemands après l'assaut des parachutistes anglais qui durent se retirer ; Merville restera en dehors du secteur contrôlé par les alliés pendant plusieurs semaines.

 

Au final certaines batteries mobiles cachées sous les pommiers dans les prairies eurent parfois un rôle beaucoup plus efficace....

 

Mais de ce qui devait arriver les allemands le savaient à l'avance.

 

Les allemands étaient conscients de l'efficacité relative des murs défensifs ainsi que de leur manque de moyens pour en réaliser un qui soit efficace, aussi l'intérêt de cette situation du Mur de l'Atlantique en Normandie (en mettant leurs moyens dans la construction des bunkers et le positionnement des troupes au nord de la Seine) était d'obliger les alliés à éloigner leur débarquement du coeur de l'Allemagne.

 

En obtenant un débarquement des alliés en Normandie au lieu du Pas de Calais, les allemands savaient qu'ils gagneraient un répit d'au moins 6 mois dans l'échéance de la guerre.

 

Objectif largement atteint ...

 


LE SORT DE LA CASEMATE APRES LA GUERRE

 

Malgré ses dimensions impressionnantes elle n'était pas conçue pour résister à une explosion de l'intérieur.

 

C'est l'explosion accidentelle de l'une des chambres à munitions qui est la cause de sa destruction durant l'été 44, ayant par la même occasion causé la mort de plusieurs soldats américains présents sur le site.

 

A noter que les américains ont utilisé ensuite des explosifs pour détruire le reste des blockhaus de Crisbecq dans le but de neutraliser à tout jamais ce qui fut l'un des ouvrages les plus dangereux du Mur de l'Atlantique en Normandie.

 

Puis arriva le temps des ferrailleurs.

 

A partir de 1947, plus de 40 tonnes d'acier ont été récupérées dans la grande casemate, en particulier avec la découpe du canon Skoda qui pesait plus de 40 tonnes à lui seul.

 

Ces derniers n'hésitaient pas à escalader la façade de la casemate pour découper le moindre morceau de ferraille dépassant du béton.

 

 

 

Photo US Army du 28.07.44 après l'explosion accidentelle du 7 juillet


MAIS L'HISTOIRE DE LA GRANDE CASEMATE NE S'ARRETERA PAS EN 1947

 

C'est à l'intérieur de celle-ci, lors des travaux de nettoyage, que le 4 juin 2021 la plaque d'identité de Simmons Henry sera retrouvée dans les gravats.

 

Simmons Henry était l'un des sept soldats américains tués dans une explosion accidentelle survenue le 7 juillet 1944.

 

Vu la violence de l'explosion seuls trois des sept soldats tués ont pu être identifiés et enterrés.

 

Tout comme 3 autres soldats dont les corps n'ont jamais pu être identifiés après l'explosion, officiellement Simmons Henry est aujourd'hui toujours porté disparu par l'armée américaine.

 

Etant donné que son décès a eu lieu le 7 juillet 1944, son nom figure au mur des disparus du cimetière Américain de Saint James parmi les 498 disparus lors des combats de Saint Lo et de la Percée d'Avranches, seconde phase des combats en Normandie, et ce bien loin de Crisbecq et du cimetière Américain de Colleville...

 

Enfin c'est le 19 octobre 2021 que la plaque d'identité de Mack Homer fut découverte dans une autre partie de la casemate, ainsi qu'une chevalière gravée à ses initiales.

 

Suite à l'ensemble de ces découvertes l'Armée américaine est venue pour une reconnaissance du site le 29 aout 2022.

 

Les éléments d'information ont été transmis à la direction de la D.P.A.A qui a pris la décision de lancer une campagne de recherches sur site.

 

Une équipe d'archéologues est venue sur place début avril 2023 pour récupérer l'ensemble des éléments nécessaires à une identification des restes des corps retrouvés.

 

Attendons maintenant le résultats de ces analyses menées avec le concours des familles des disparus.

 

L'histoire des disparus de Fontenay restera alors l'un des derniers mystères élucidé après 80 ans de recherche.